Interview avec Stéphane Sylvestre


DealCockpit : Pouvez-vous vous présenter ?

Stéphane Sylvestre : Je suis Stéphane Sylvestre, avocat depuis maintenant 1998 et j’exerce aujourd’hui au barreau de Paris.  J'ai travaillé pendant une douzaine d'années chez Deloitte & Touche Juridique et Fiscal où je m’occupais principalement de droit des sociétés, de due diligence d'acquisition et de réorganisation de groupes. Ensuite, j’ai travaillé dans deux différents cabinets spécialisés en private equity et en fusions-acquisitions. Aujourd’hui, je suis avocat associé chez Intervista, où je continue à accompagner tous types de clients sur leurs opérations de levées de fonds, de fusions-acquisitions et de mise en place de plans d’actionnariat salarié. J’ai également une activité importante dans la prévention, la gestion et la résolution de conflits entre associés. 

DC : Pouvez-vous également nous présenter Intervista, le cabinet dans lequel vous êtes associé ? 

Stéphane S. : Le Cabinet Intervista fut créé en 2007 par plusieurs associés fondateurs qui ne se retrouvaient plus dans les valeurs et méthodes charriées dans les grosses structures type Big 4 ou les cabinets anglo-saxons. Ils souhaitaient créer un cabinet à taille humaine, initialement dédié au cinéma et à l'audiovisuel, et ensuite étendu à toutes les activités créatives.

Sur ces segments, nous avons la chance et la spécificité d'avoir plusieurs départements : fiscalité des personnes physiques et des entreprises de toute taille, droit du travail, droit des sociétés, droit du cinéma et de l'audiovisuel et résolution des conflits. Tous ces départements peuvent travailler tantôt séparément, tantôt ensemble en fonction de la nature des dossiers et des difficultés rencontrées par nos clients. Notre spécificité est de déployer nos ressources selon la complexité des dossiers. Cela peut aller d'une seule personne pour une question simple à plusieurs équipes pour des questions plus complexes et qui embrassent plusieurs domaines du droit.

DC : Êtes-vous le seul avocat généraliste corporate dans le cabinet ?

Stéphane S. : Non, nous sommes deux associés, Frédéric Guy, l’associé corporate qui a défriché cette activité dès la fondation d’Intervista, et moi-même, qui suis arrivé bien plus tard. Nous avons également la chance d’avoir deux collaboratrices dans l’équipe corporate, Sophie Tapiero et Julia Robic et en permanence un ou une stagiaire. L’activité corporate ne fonctionne à plein qu’avec la contribution de tous ces acteurs.

DC : Quels sont les défis majeurs de votre clientèle (cinéma, audiovisuel, création) par rapport à la clientèle que vous avez pu connaître avant ? 

Stéphane S. : J’ai tendance à dire que les problématiques sont toujours les mêmes pour toutes les sociétés. Nous n’avons pas de clients uniquement dans l'audiovisuel et dans le cinéma, mais nous en avons beaucoup, et ils ont les mêmes problèmes que les autres sociétés : ils ont besoin de croître et pour cela, ils ont besoin de financement. Quand on est une jeune société, le financement se fait plus souvent par du financement en capital que par du financement bancaire. Le financement en capital implique des levées de fonds, ce qui implique tout un process que nos clients ne connaissent pas forcément et nous sommes là pour les éclairer et les accompagner. En revanche, cela n'est pas propre à ce secteur d'activité.

Ce qui est peut-être plus spécifique à cette industrie, c’est que nos clients ne vendent pas des machines, ce sont les personnalités qui sont importantes. Il est donc fondamental de trouver les moyens, au quotidien, d'attirer et de retenir les talents. Par exemple en créant des filiales communes qui abritent les projets développés en commun entre de jeunes (ou moins jeunes) producteurs talentueux mais encore peu connus et des sociétés de production de plus grande taille et plus installées. Les premiers apportent leur talent et les seconds les supervisent et financent leurs œuvres. L’aménagement des relations contractuelles entre les uns et les autres dans ces joint-ventures d’un type un peu particulier, ces labels comme on les appelle dans le secteur, demandent à la fois une certaine technicité et une bonne connaissance des pratiques du secteur.

Souvent, on nous demande également de trouver un moyen juridique d'intéresser des personnes clés au développement de l'entreprise, y compris à l'occasion d'une levée de fonds ou même d'une cession. A cet égard, le recours aux actions gratuites, aux BSPCE et aux autres dispositifs d’association des talents au capital de l’entreprise nous permet de déployer toute notre expertise juridique, sociale et fiscale. Dans ce cas en effet, notre travail est de trouver des solutions intelligentes et adaptées à chaque situation puisqu’aucune situation n'est identique à la précédente. 

DC : D’autant que le cadre législatif change souvent en la matière ?

Stéphane S. : J'aurais tendance à dire trop souvent, mais on ne peut pas trop se plaindre de la fréquence des réformes si la législation s'assouplit. Et puis finalement, cela nous oblige à rester informés, connectés et très agiles.

A la lumière de l’évolution du droit, de la jurisprudence et de la fiscalité française, on ne peut pas conseiller nos clients de façon générale. Chaque situation, chaque opération à structurer, chaque association au capital aura un axe stratégique différent selon sa temporalité et les objectifs des parties en présence. Et ce qui vaut aujourd’hui sera surement à revoir à travers un nouveau prisme demain.

DC : Est-ce que vous auriez un cas d'usage particulièrement marquant à partager ?

Stéphane S. : J'ai eu un dossier dans lequel il a fallu très rapidement répondre à une problématique de conflit d'associés dans une société familiale. J’étais du côté de l'associé minoritaire, et il a fallu très rapidement montrer à la fois que notre client était prêt à taper du poing sur la table, mais aussi ouvert à la discussion. Pour le premier courrier d'avocat que nous avons envoyé, il était nécessaire de trouver le bon dosage entre la fermeté et la flexibilité. Nous avons réussi progressivement à trouver une solution négociée entre les parties, qui a permis à notre client de céder sa participation pour une somme rondelette. Ce dossier illustre d’ailleurs à merveille la complexité d’un dossier que peut mener Intervista, dossier qui a commencé par un classique conflit entre associés, pour lequel il a fallu négocier et trouver un accord transactionnel, accord qui s’est exécuté à travers une opération de cession de participation, pour lequel il a fallu mesurer et sécuriser les conséquences fiscales pour les associés et la société concernée tout en organisant la cessation du contrat de travail de notre client. Un bel exemple d’utilisation croisée des multiples compétences du cabinet.

DC : Intervista a gagné un trophée dans la catégorie Media et Entertainment au sommet du droit 2024 et 2022 et nous vous en félicitons. Ce genre de distinction, est-il important pour un cabinet d’avocats ?

Stéphane S. : On pourrait penser que ce type de trophées n'est important que pour flatter les égos des avocats. En réalité, je pense que ces distinctions représentent à la fois tout le travail dans lequel nous nous investissons sur le secteur de médias et audiovisuels, mais également la technicité de nos interventions et le fait que nous sommes impliqués sur un grand nombre d’opérations du secteur en question. De plus, ce n'est pas seulement une reconnaissance pour les associés qui étaient présents pour recueillir le prix, mais aussi pour toutes les équipes et tous les membres du cabinet. Finalement, en dépit de quelques réticences initiales, nous avons tous été très fiers que cette distinction nous soit décernée. Même si certains disent qu’un prix ne sert à rien, ceux qui l'ont sont quand même très contents de l’avoir. 

DC : Vous êtes également secrétaire général de Paris Business Up. Quel est ce réseau en particulier ? 

Stéphane S. : Paris Business Up est un réseau à la fois d'expertise et de développement du business pour ses membres qui relèvent de secteurs divers et souvent complémentaires. Le réseau leur permet de confronter leur réalité, leur expertise, leur expérience et de développer efficacement leur chiffre d'affaires respectif. Je ne suis pas impliqué dans d’autres réseaux car cela demande beaucoup de temps.

DC : Pour revenir à ce qui nous lie aujourd'hui, vous nous faites confiance pour vos besoins de Data Room depuis très longtemps et nous vous remercions pour votre confiance. Pourquoi avez-vous choisi DealCockpit plutôt que d'autres outils que vous avez utilisés auparavant ?

Stéphane S. : Nous avons choisi DealCockpit pour plusieurs motifs. La facilité d'accès pour la bonne et simple raison que c'est très simple d'appeler quelqu'un de DealCockpit pour poser des questions basiques, simples, sur l'ouverture de la data room ou ses modalités d’accès et d’organisation. Le délai dans lequel tout est mis en place, qui est très rapide, et le fait que l’outil soit extrêmement facile d'utilisation, même pour des personnes qui ne sont pas forcément très habitué à une data room électronique.

Par exemple, j'ai eu un client retraité il y a quelques années qui avait grand plaisir à faire lui-même l'alimentation de la data room justement parce qu'il trouvait cela extrêmement rapide, souple et efficace (bon, son passé d’ingénieur y était probablement pour quelque chose).

Ensuite, il ne faut pas oublier que c'est une plateforme française où les données sont protégées et dont on sait qu'elles ne vont pas se retrouver aux États-Unis ou ailleurs à des fins que l'on ne connaîtrait pas ou que l'on ne maîtrise pas. Et finalement, il y a le plaisir à travailler avec vous, qu’il ne faut pas non plus négliger. 

DC : Est-ce que vous avez des conseils pour DealCockpit, pour rendre votre expérience utilisateur plus agréable ?

Stéphane S. : À ce stade, non. Je trouve que l’outil est extrêmement simple et facile d'utilisation. La seule question que j'aurais à poser, c'est : comment se fait-il que DealCockpit ne soit pas plus connu et plus utilisé par l’ensemble des acteurs des fusions-acquisitions ? Pour moi, c'est ça le vrai sujet. 

Plus sérieusement, les évolutions dont nous avons parlé en off et que nous ne pouvons pas encore révéler ici répondent complètement aux besoins de nos dossiers actuels et, j’espère, de nos dossiers futurs.

DC : Merci beaucoup pour ce feedback. Affaire à suivre donc. Au vu de l’évolution du droit et des besoins des sociétés, avez-vous un conseil à destination des avocats ou des parties qui nous lisent sur l’évolution du business ces dernières années ?

Stéphane S. : Je vais passer pour une antiquité, mais je me souviens de la première data room dans laquelle je me suis rendu en 1999, avant l'an 2000 et avant le Bug. À l’époque, il fallait se rendre chez la cible, demander les documents et surtout les obtenir, ce qui parfois n’était pas si simple. Ensuite, il fallait tout retranscrire (souvent on ne nous laissait pas faire de photocopies) et faire un rapport en essayant de n’avoir rien oublié de tout ce qui était pertinent de relever lorsqu'on était sur place. Tout cela était parfois pour des due diligences sur de très grands groupes.

Avec la digitalisation, le monde a changé et tout est devenu extrêmement simple et extrêmement facile. L'avantage de recourir à votre outil, c'est que nous pouvons mettre en place une data room très rapidement, et d'ailleurs que nous pouvons la fermer tout aussi rapidement, ce qui fait que DealCockpit est complètement adapté à la vitesse des transactions aujourd'hui, la nôtre comme celle de nos clients. Donc, continuez comme ça, c'est super. 

DC : Une question un peu provocatrice concernant la digitalisation. Considérez-vous l’intelligence artificielle comme une menace pour le métier d’avocat ?

Stéphane S. : Peut-être n’ai-je pas essayé la version payante de ChatGPT, mais pour l'instant, les questions les plus techniques que j'ai posées aux IA, y compris aux IA spécialisées de certaines plateformes juridiques, ne m'ont pas encore beaucoup inquiété. Je ne dis pas que dans 4 ou 5 ans il ne faudra pas que nous y réfléchissions sérieusement, mais pour le moment, je n’ai pas encore trouvé d’IA qui remplace un stagiaire ou un collaborateur, ou a fortiori moi. L’IA ne répond pas encore correctement à une question juridique simple. Et évidemment, elle ne prend pas encore en compte les méandres du facteur humain qui, au-delà des aspects techniques, doit nécessairement être appréhendé pour mener à bien une négociation.

Peut-être que bientôt nous aurons l’IA qui nous fournira directement la solution juridique, voire qui nous dira la solution idéale pour gérer tel contentieux ou pour procéder à telle ou telle acquisition et qui rédigera dans ce dernier cas, tous les actes à notre place.

Alors là, nous nous inquiéterons, mais nous n’en sommes pas là. En revanche, je pense que l’IA nous aidera beaucoup à faire encore mieux et plus rapidement notre métier qu’aujourd’hui.

DC : Intervista semble être très up-to-date. Selon vous, la digitalisation et les avancées technologiques, sont-elles bien incorporées dans la stratégie du cabinet ?

Stéphane S. : Absolument, même si nous avons évidemment des progrès à faire. Et il faut reconnaître que sur ce sujet, le recours à DealCockpit nous aide beaucoup.

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